Mémoire, présent et avenir aux jardins du Campus


Au cœur de l’hiver, Timothée Vernier, jardinier du Campus de la Transition fais le bilan de l’année passée et rêve de celle à venir. Récit.

Se réinventer

Alors que la conjoncture économique et politique (vous l’avez pas vu venir celle-là) aurait pu me valoir une conjonctivite tant je n’en croyais pas mes yeux, ma propre saison au jardin n’était pas des plus idéales et des plus stables non plus.

Voilà, j’ai eu cette année la nécessité – que dis-je l’opportunité peut-être ! – d’apprendre à naviguer à vue. A la sortie de l’hiver, mon collègue Philippe a quitté le Campus après deux années comme forestier et gestionnaire du parc et des animaux. J’ai repris une partie de ses missions, alors même que ma nouvelle collègue volontaire en Service Civique au potager démarrait la sienne… pour la quitter deux mois plus tard, tellement ravie de son expérience au Campus qu’elle a souhaité reprendre ses études avec enthousiasme. Coup de chance, un bénévole propose de prendre le relais aussitôt. Hélas, le cœur a ses raisons que la raison ignore, et pour une histoire intime il quitte également ses fonctions… deux mois plus tard. Pour couronner le tout, Bruno remplace Grégoire qui devient donc mon nouveau responsable, il faut repenser nos méthodes de travail. Nous sommes en juin, le pic de la saison, il pleut tout le temps et pleuvra encore 300mm de trop par rapport aux moyennes de saisons. Il pleut aussi sur mon cœur, mais ça c’est une autre histoire.

Des récoltes abondantes

Voyez-vous, il faut parfois toucher le fond pour mieux rebondir vers la surface et retrouver la forme, puisque la forme c’est justement le fond qui remonte à la surface. Alors place aux bonnes nouvelles !

Commençons par les récoltes : trois tonnes de fruits et légumes, dont 560kg de courges, 2000 poireaux encore en pleine terre à l’heure où j’écris cette liste à la Prévert, 90kg de patates douces (premier essai !) et une première récolte de 170kg de pommes à croquer du verger Sud planté par nos voisins maraîchers Arthur et Blandine en 2021. 

Le vieux verger Nord a lui aussi donné une tonne de pomme que nous avons transformé en 500 litres de délicieux jus bio, servi et vendu au château. Il retrouvera ses lettres de noblesses en 2025 grâce à une taille franche et un défrichage massif (rendez-vous le samedi 22 février pour une démonstration par les Croqueurs de Pommes). Un magnifique dôme végétal en saule est sorti de terre pour nous ombrager lors des pauses déjeuner. En filigrane, nous collectons toujours plus d’urine – déjà 3m3 ! – et visons le cap d’une création d’une filière expérimentale de revalorisation des urines au service des agriculteurs du territoire. Enfin, les groupes accueillis ont profité de plus de 70h d’enseignements, visites pédagogiques et chantiers participatifs au jardin.

 

 

X-Urgence Ecologique

Le jardin au service de la formation..

Alors que 2024 était éprouvante, 2025 s’annonce enthousiasmante. Tout d’abord, c’est avec une nouvelle équipe que nous aborderons le printemps, grâce Matthieu, mon premier volontaire en Service Civique au potager en 2022 qui revient en salarié à temps partiel sur les ateliers maraîchage et arboriculture, et quelques missions d’entretien du parc. Puis, Romane entre dans la danse pour une mission de Service Civique de huit mois pour nous aider au potager. En parallèle, je reçois des demandes de stage au jardin, c’est positif !

 

Sur le plan nourricier, nous allons mettre les bouchées double cette saison avec une serre-tunnel de production dans la prairie Nord, une pépinière agrandie et plus ergonomique ; les 600 pieds de fraises vont enfin fructifier cette année, ainsi que la champignonnière de pleurotes et shiitakés.

Sur le plan pédagogique, le soutien de Matthieu me permet de dégager du temps pour formaliser, construire et valoriser une offre pédagogique nouvelle au jardin, avec des formations agroécologiques sur des thématiques comme « Le compostage, principes et bonnes pratiques » ou encore « Débuter son potager en permaculture ». La signalétique pédagogique devrait être installée dans tout le parc d’ici l’été, et un mandala des quatre saisons illustré devrait rendre compte aux visiteurs des activités agroécologiques et saisonnières d’un parc cultivé de 8 hectares.

… et de la poésie

Enfin, je souhaite cette année dédier du temps, de la passion et de l’inspiration pour (ré)enchanter le jardin par des créations artistiques, de la poésie, des modules d’architecture paysagère etc. Alors pour commencer l’année en beauté, nous avons déjà tressé un plessis de saules qui ceinture le verger mandala et donne du relief au paysage. Les rêves se baladent dans les allées du jardin et se lovent aux recoins de l’esprit.

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