Alors que les déguisements d’Halloween effrayaient les enfants, c’est un autre type d’événement, tout aussi terrifiant, qui sonnait son coup d’envoi le 31 octobre dernier. Vous en aurez sûrement entendu parler : la COP26 – Conférence des Parties – s’est tenue à Glasgow (Royaume-Uni). Plongeons au cœur de ce rassemblement mondial pour comprendre ses enjeux et découvrir son fonctionnement.
Que pouvions-nous attendre de cette COP ?
2 ans après la COP25, les attentes étaient non-dissimulées pour cette COP26. L’objectif de ces conférences annuelles est de réunir et mettre au même niveau tous les Etats pour aboutir à des accords unanimes pour agir contre le changement climatique. Une mission ambitieuse et prometteuse de prime abord. Toutefois, les pressions et intérêts financiers ne peuvent être ignorés. Ils impactent inévitablement les décisions au détriment de l’urgence environnementale et sociale. A l’issue de 2 semaines de discours, promesses, débats et autres négociations, les 200 parties ont délivré et signé le Pacte de Glasgow : 11 pages d’articles décrivant les accords rédigés avec précision. Vous trouverez un résumé des principales conclusions via l’article suivant : « COP26 : succès pour les uns, condamnation à mort pour les autres ».
Un tissu militant qui ne mâche pas ses critiques
Dans le centre historique à l’architecture écossaise caractéristique, dans le bruit ambiant des rues animées, on distingue à peine l’accent glaswegien, pourtant si reconnaissable. Partout dans les rues, sous les étendards vert et bleu, ce sont des dizaines de nationalités qui déambulent et se dirigent vers le quartier du centre d’exposition. Premier arrêt au palais des congrès pour les détenteur·ices du badge « zone bleue ». C’est là que se déroulent les négociations. On y retrouve les membres des délégations de toutes les parties, les représentant·es des entreprises sponsors de l’événement, la presse à l’affût, des représentant·es d’associations diverses, des scientifiques, membres du GIEC… Vue de l’extérieur, les décisions prises ne font pas l’unanimité auprès du milieu militant qui voit d’un œil critique le manque d’ambition des mesures face à l’urgence.
Deuxième espace constituant le cœur de toute COP : la « zone verte ». C’est là que les associations et organisations sélectionnées peuvent exposer leurs projets. Cette zone se veut être le lieu du dialogue avec les citoyen·nes. Elle est traditionnellement localisée proche de la zone bleue afin de favoriser les échanges avec les membres de cette dernière. Étrangement, pour cette COP26, il faudra passer de l’autre côté de la rive, et marcher une quinzaine de minutes pour passer d’un espace de conférence à l’autre. Un choix critiqué par le public citoyen et militant qui pointe du doigt le manque de lien entre ces deux espaces. Conséquence de cette disposition : les membres de la zone bleue n’ont aucune visibilité. Ils se retrouvent déconnectés de la zone verte et de ce qui s’y déroule. Comment alors espérer une concertation inclusive, qui prend en compte les diverses parties prenantes mobilisées et impliquées dans cet événement, si aucune liaison n’est faite pour faciliter le dialogue ?
Autre surprise : le choix des projets exposés au sein de cette fameuse zone verte. A ce titre, on discerne un air dubitatif chez de nombreux·ses visiteur·ses. D’un côté, les stands des sponsors, dont le cœur des missions et le modèle économique ne semblent pas aller dans le sens de la Grande Transition. De l’autre, des projets techno-solutionnistes questionnables : les scénarios souhaitables pour limiter la crise climatique et sociale sont-ils compatibles avec des voitures Formule 1 électriques, ou des bras robotiques cueilleurs de fraises ? Ce sont pourtant des exemples de ce que l’on trouve dans la cité des sciences qui accueille cette partie de la COP26.
Sensibilisation, actions et manifestations
Pour contrebalancer ces expositions controversées, d’autres associations étaient présentes pour porter des voix trop souvent ignorées.
- Dans la « zone verte », stands et ateliers permettent de découvrir l’impact du système actuel sur les populations indigènes d’Amérique du Sud.
- Dans le théâtre où les conférences se succèdent, la parole est donnée à cinq adolescent·es représentant·es du mouvement Fridays for Future (grèves scolaires), lancé par Greta Thunberg en 2018. Plus d’une heure leur est dédiée pour répondre aux questions sur leur engagement, leur démarche et leurs ressentis face à leurs actions.
- Dans la « zone bleue » également, des activistes réalisent des actions pour dénoncer, entre autres, la présence d’entreprises et d’industries fondamentalement polluantes, prenant part aux discussions.
- Dans un autre registre : que ce soit dans les deux zones de la COP, dans les rues et au sein des universités, le tissu associatif a investi les lieux. Venu·es en nombre, les 160 membres de La Fresque du Climat interpellent les visiteur·ses devant un quizz géant pour les inciter à tester leurs connaissances sur les liens de causes et de conséquences du dérèglement climatique.
- Enfin, la masse militante s’est réunie à trois reprises pour des marches du climat. Jusqu’à 100 000 personnes ont alors manifesté dans les rues de Glasgow.
Que retenir alors de cet événement ? Un enjeu politique global : les accords du Pacte ont fait couler de l’encre, dû à l’écart entre l’urgence de la crise et la mesure – jugée trop faible – des décisions prises. Toutefois, gardons à l’esprit que l’organisation annuelle des COP a permis de questionner les politiques climatiques et de placer le sujet à l’ordre du jour. L’impact peut, certes, être jugé insuffisant, mais ce type d’événement demeure nécessaire. Malgré tout, l’espoir d’actions plus concrètes se ressent plus fortement en dehors des murs de la COP, où la société civile et le milieu associatif s’activent pour bousculer les systèmes en place dans nos sociétés. Une volonté dont atteste le slogan clamé par la foule lors des manifestations : « system change, not climate change ».