Maitrise Carbone Campus (MC2)
Genèse du projet MC2 : relever le défi d’une empreinte carbone faible
Le réchauffement climatique des dernières décennies a pour origine l’augmentation d’émissions de carbone d’origine anthropique dans l’atmosphère. Pour limiter ce réchauffement à 2°C d’ici la fin du siècle, il faut, à l’échelle mondiale, selon le GIEC, diviser les émissions nettes de carbone de l’ensemble de la planète par 6 d’ici 2050. Dans une démarche d’exemplarité, les fondateurs du Campus ont fixé à sa création, en 2018, un objectif de neutralité carbone à horizon non pas 2050, mais 2028, pour l’ensemble des activités du site (écolieu, formations, recherche).
C’est en 2020, à l’occasion de choix techniques importants concernant les modes de chauffage et les travaux de rénovation des bâtiments du Campus, que le projet Maitrise Carbone Campus (MC2) a vu le jour. S’est alors en effet posée la question de la compatibilité de ces choix techniques (type d’énergie utilisée, type de chaudière, de matériaux isolants, …) avec les ambitions affichées.
Un premier bilan carbone du Campus encourageant, et outil d’arbitrage
Un premier bilan carbone du Campus a été réalisé durant l’été 2020, avec l’appui d’experts du domaine, en suivant la méthodologie de l’ADEME. Ce bilan couvre les 3 scopes. L’ensemble des activités du Campus prenant place sur l’écolieu, qu’il s’agisse de l’alimentation, de la mobilité, des énergies, du numérique, etc. a fait l’objet d’une première estimation de nos émissions carbone. Les activités ayant lieu à l’extérieur du site, tel le travail à distance de certains salariés ou encore l’impression du Manuel de la Grande Transition, ne sont pas comptabilisées dans ce premier bilan carbone.
Ce travail a conduit à une première estimation de 90tCOEeq environ en 2020 pour l’ensemble des activités de l’association prenant place sur l’écolieu, où vivaient environ 25 personnes sur la période de calcul (septembre 2019 à août 2020). Du fait du périmètre non complet, il est impossible d’en déduire précisément le bilan carbone par habitant de l’écolieu. Cependant ce premier résultat donne un ordre de grandeur environ 4tCO2eq/an par personne. Il faudra affiner cette estimation, car certaines des hypothèses prises pour réaliser ce premier bilan demandent encore vérification. S’il n’atteint pas encore la cible de 2tCO2eq par personne par an, ce chiffre est à mettre cependant en regard de l’empreinte carbone moyenne d’un français : 11,5tCO2eq/an en 2018* .Ce résultat nous a permis d’identifier des leviers d’action pour la réduction de nos émissions, notamment sur nos déplacements aujourd’hui fortement carbonés, en synergie avec le projet mobilité du Campus. Cet outil nous donnera ainsi la possibilité d’arbitrer nos choix sur le long terme, en lien fort avec le projet BatEr.
* Résumé exécutif du rapport “Maîtriser l’empreinte carbone de la France”, Haut Conseil pour le Climat, Octobre 2020
Quid de la croissance des activités du Campus et de son impact sur les comportements ?
Ce premier bilan a été présenté le 26 septembre 2020 à l’ensemble des membres du Campus par l’équipe de recherche-action. Un certain nombre de questions ont alors été posées :
- La première concerne l’impact de la croissance des activités du Campus sur l’objectif de réduction, car, corrélée directement au volume d’activités, la quantité de carbone émise par le Campus devrait en effet suivre une pente croissante, absorbant et masquant les efforts de réduction de ces émissions.
- Une autre interrogation concerne le périmètre du calcul, car ce bilan carbone ne prend pas en compte les émissions de GES liées aux activités du Campus hors de l’écolieu. Or une part significative des activités du Campus a lieu à l’extérieur du site, et cette part est croissante. Le premier bilan carbone va pouvoir être un socle solide pour prise en compte progressive de ces émissions hors de l’écolieu.
Le Campus comme terrain d’expérimentation pour le NZI
Notre réflexion intervient dans le cadre d’une évolution globale du concept de neutralité carbone. Le concept de neutralité carbone fait l’objet aujourd’hui de nombreuses critiques. En effet, pour atteindre la neutralité carbone, beaucoup d’organisations cherchent à compenser leurs émissions plutôt que les réduire drastiquement. En réponse, le cabinet de conseil Carbone 4 a récemment proposé une nouvelle vision de la neutralité carbone, à travers son Net Zero Initiative (NZI). Ce référentiel invite les organisations à penser non plus uniquement en termes de compensation des émissions mais en termes de contribution à la neutralité carbone planétaire. Le Campus s’aligne sur cette vision du cabinet de conseil et a donc décidé de de confronter ce référentiel au terrain du Campus.
C’est face à ce constat sur le concept discuté de neutralité carbone d’une organisation que le nom définitif du projet a été adopté : MC2 pour Maîtrise Carbone Campus. En effet, le véritable enjeu de ce projet est bien de maîtriser les émissions de l’association pour tendre le plus rapidement possible vers cette neutralité carbone à l’échelle mondiale.
Et maintenant ?
Les grandes phases du projet pour la prochaine année commencent à se dessiner. Notre travail s’articulera suivant les trois piliers du référentiel NZI de Carbone 4, avec deux axes majeurs :
- Affiner le bilan carbone via une nouvelle campagne de collecte de données pour identifier les leviers d’action et élargir le périmètre aux activités hors éco-lieu en vue de maîtriser les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des activités du Campus.
- Évaluer les émissions évitées de part les activités du Campus : Par exemple, en quoi une formation au Campus agit comme un accélérateur de transition chez les étudiants ? Cette comptabilité, différente du bilan carbone, permet de valoriser la contribution du Campus à la réduction des émissions des autres.
A terme, l’enjeu est de réaliser un bilan carbone pour chaque projet de recherche du Campus et ainsi de mettre en perspective ces émissions avec l’estimation d’émissions évitées. Par ailleurs, nous souhaitons diffuser nos résultats et notamment évaluer les émissions moyennes d’un habitant en Oasis afin de valoriser ce mode de vie, en partenariat avec la Coopérative Oasis et la Communauté de Taizé.
Au-delà d’un outil d’arbitrage des choix du Campus, ces calculs et réflexions seront progressivement intégrés au sein des formations dispensées par le Campus. Ils permettront de proposer des études de cas pédagogiques et des modules de cours pour sensibiliser les étudiants à la question du bilan carbone, individuel et collectif (mise en place de modules de formation, de cas pratiques). Par ailleurs, les résultats de MC2 seront diffusés au sein de la Coopérative Oasis.